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attribuaient encore l’Aloysia au laborieux érudit hollandais. On songea aussi à Isaac Vossius et à Jean Westrène, jurisconsulte de la Haye ; mais en France le jour était fait depuis longtemps sur cette question… »

Bonneau a encore donné, dans la Curiosité, IIIe et IVe série, une traduction des Mémoires de Chorier qui dit avoir composé dans sa jeunesse une satire Ménippée et une satire Sotadique. « La satire Ménippée est perdue, dit Bonneau, mais la Sotadique est évidemment celle qu’il a publiée sous le nom de Luisa Sigea. » Alcide Bonneau a eu sous les yeux la première édition : Aloisiæ Sigeæ Toletanæ Satyra sotadica de Arcarnis Amoris et veneris : Aloisia Hispanice scripsit ; latinitate Donavit Joannes Meursius. Il croit qu’elle fut imprimée à Lyon.

Les caractères typographiques sont les mêmes que ceux des Recherches du sieur Chorier sur les antiquités de la ville de Vienne… A Lyon et se vendent à Vienne, chez Claude Baudrand, 1658, pet. in-12.

Nicolas Chorier naquit à Vienne, dans le Dauphiné, en 1609. Il suivit les cours de droit de l’Université de Valence et fut reçu docteur en 1639. Il se fit alors inscrire sur le tableau de l’Ordre des avocats à la Cour des Aides de Vienne. Plus tard il fut nommé avocat de la ville de Grenoble. Nous n’énumérons pas tous les ouvrages historiques qu’écrivit Chorier et qui établirent le renom de son érudition. La satire d’Aloysia Sigea parut, pour la première fois, vers 1649 et Chorier mourut en 1692, à 83 ans, honoré de tous et comblé de charges et de dignités.

La satire était attribuée à une certaine Aloysia Sigea qui l’aurait écrite en espagnol.

Luisa Sigea, née à Tolède vers 1530, était fille de Jacques Sigée, français d’origine. Elle savait le grec, le latin, l’hébreu, le syriaque, l’arabe, le castillan, le français et l’italien. Elle fut appelée en Portugal, à peine âgée de treize ans, pour élever et instruire la sœur du roi Jean III, l’infante Marie, fille du feu roi don Manuel et d’Eléonore d’Autriche, sœur de Charles-Quint.

Après avoir séjourné treize ans à la Cour de Lisbonne, elle se retira à Torres Novas où elle épousa, en 1557, Francisco de Cuevas, pauvre gentilhomme de Burgos. C’est là qu’elle vit la reine de Hongrie, sœur de Charlcs-Quint. Elle habitait Valladolid et mit