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appartenu à M. Frédéric Henkey, anglais résidant à Paris. Un troisième exemplaire était en Angleterre, il a été vendu à Paris, en 1860. Cette édition aurait été imprimée à l’étranger pendant la Révolution. »

D’une famille originaire de Naples, éparse en Sicile, dans le Languedoc et la Bourgogne, André-Robert Andrea de Nerciat naquit à Dijon, le 17 avril 1739. De bonne heure il voyagea, apprenant des langues. Il prit ensuite du service en Danemark où il fut capitaine d’infanterie. De retour en France, il entra dans les gendarmes de la Garde. En 1775, au moment de la Réforme qui réduisit la Maison du Roi, Nerciat fut licencié avec une pension et le grade de lieutenant-colonel. Aimant son métier, il était désespéré et voyagea pour se distraire et trouver une nouvelle position. Il parcourut la Belgique où il fut bien accueilli par le Prince de Ligne. On le retrouve, en 1780, à la Cour du Landgrave de Hesse-Cassel où l’avait introduit le marquis de Luchet, qui y était tout puissant. Nerciat s’installa à Cassel, fit représenter sur le théâtre de la Cour un opéra-comique dont il avait composé le livret et la musique. Puis, en qualité de sous-bibliothécaire, il fut attaqué en même temps que le marquis de Luchet. Les gazettes allemandes accusaient les deux Français d’avoir désorganisé la bibliothèque de Cassel. Dégoûté des bibliothèques, Nerciat entra au service du Prince de Hesse-Rheinfels-Rotenburg en qualité d’intendant des bâtiments.

Bientôt Nerciat revint en France et fit partie des officiers que le Roi envoya soutenir les insurgents hollandais. En 1788, il reçut la croix de Saint-Louis. Pendant la Révolution, il émigra et, d’abord colonel dans l’armée de Brunswik, exerça ensuite divers métiers parmi lesquels il semble que celui d’agent secret fut le principal. En 1798, il fut chargé par la reine de Naples d’une mission secrète près du Pape, mais fut arrêté par les troupes françaises qui entraient dans Rome et on l’incarcéra au castel Saint-Ange. Élargi au commencement de 1800, il mourut dans les derniers jours de janvier.

Il se maria, et peut-être même deux fois, et eut deux fils, dont l’un, Auguste, fut membre de la Société de Géographie et de la Société Asiatique.

Les esprits dégagés des préjugés et de l’hypocrisie ont rendu justice au talent du chevalier de Nerciat. Citons Monselet qui, de cet auteur, loue l’esprit et le style : « deux qualités que M. de Nerciat