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indigné. Ce spectateur était M. Louis Wihl, poète allemand, aujourd’hui professeur au lycée de Grenoble. M. Glatigny avait fallacieusement persuadé au bon allemand, que les marionnettes de la rue de la Santé ne jouaient que des pièces d’un haut goût littéraire, et que la libre-pensée, expulsée du Collège de France et des cours publics, s’était réfugiée au théâtre des Batignolles. M. Louis Wihl en fut ému, et sollicita une invitation.

« Le soir de la première représentation du Caprice, il arriva donc, flanqué de deux volumes de Hegel et d’un exemplaire de ses poésies allemandes, bénissant les dieux qui l’avaient conduit dans un cénacle de jeunes gens sérieux et réfléchis ! La première scène l’étonna d’abord, et plusieurs expressions, peut-être libres, l’effarouchèrent. On l’apaisa en lui faisant observer qu’elles étaient de la langue de Rabelais. Mais à la scène capitale du vaudeville, quand Urinette se lave le cul, le vertueux philosophe n’y put tenir, et sortit en bousculant les chaises…

« — M. Rolland est un picnouf ! — s’écria-t-il.

« Le mot picnouf, employé pour pignouf, était le seul terme d’argot parisien qui eût pu se loger dans cette tête carrée.

« On applaudit beaucoup le truc de la cascade d’eau naturelle tombant dans la cuvette d’Urinette, et rappelant vaguement l’effet produit par le torrent dans le Pardon de Ploërmel.

« Un Caprice fut repris, à quelque temps de là, sur le théâtre des marionnettes de M. Émile Renié, rue des Martyrs.

« Ce théâtre réussit peu, et ferma avant d’avoir ouvert, »



Florestan, « gandin marié », a un caprice pour Urinette, « drôlesse ». Il va la trouver dans son boudoir. Mais les dieux vengeurs de l’hymen veillaient. Florestan, humilié, dut, après des essais infructueux, s’en retourner auprès de sa chaste épouse.



5. — « Scapin Maquereau, drame en deux actes, par M. Albert Glatigny.