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la force de prononcer une parole. Il rompit le premier le silence, et ce fut pour peindre son bonheur. Un baiser enflammé que je lui donnai me tint lieu d’éloquence et l’assura du plaisir que j’avais eu à le partager.

Il commençait à être tard : M. de R… me demanda si je ne trouvais pas qu’il fût à propos de se mettre à table, et donna des ordres pour que l’on servît. Notre tête-à-tête fut des plus gais : des mets aussi délicatement préparés que proprement servis conduisirent notre souper très avant dans la nuit : le vin était parfait ; nous en fîmes débauche : on en servit de vingt sortes et je voulus tous les goûter. Au dessert, M. de R… me parut plus aimable qu’il n’avait encore été : il me trouva plus folle que jamais ; nous