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HISTOIRE DE Mlle BRION

qu’il serrait tendrement dans les siennes. Je devinais que ce langage me devait dire beaucoup et sentais qu’il ne me disait pas assez.

M. de R… me demandait ce qui occasionnait la profonde rêverie où je paraissais plongée, quand le carrosse arrêta : nous étions arrivés à sa petite maison. Comme il faisait nuit, il me présenta la main pour descendre ; je le suivis dans un appartement orné par la main des Grâces : on y rencontrait partout cette sainte mollesse inventée par les gens d’église, apanage de ses favoris, et qui caractérise si bien un prédestiné.

M. de R…, aussi recherché dans ses plaisirs que voluptueux libertin, avait orné cet appartement de peintures propres à faire naître des désirs et avait