Page:Apollinaire - Histoire de Mlle Brion, dite comtesse de Launay.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

19
HISTOIRE DE Mlle  BRION

La Verne appelait cette chambre son palais des vertus : c’était là qu’en femme rusée elle cachait les filles soi-disant pucelles, dont la virginité devait jouer un long rôle, avant que d’être abandonnée aux hommages du public et de devenir sœurs du sérail.

Sitôt que je fus entrée dans cette chambre, on songea sérieusement à ma toilette. La Dêpoix voulut se surpasser : elle épuisa son art pour me rendre jolie, et y réussit. Une figure fine, des yeux vifs, une taille de nymphe jointe à des grâces naturelles, promettaient une fortune à la Verne. Elle voulut ce jour-là que je dusse tout aux charmes d’une figure enfantine et novice sur laquelle brillaient les grâces de la plus tendre jeunesse. J’avais des yeux qui, par instinct, commençaient à parler le