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HISTOIRE DE Mlle BRION

qu’elle me dirait. Je répondis à Mlle Dêpoix que, puisque mon malheur voulait que j’en fusse séparée, j’aurais pour la personne chez laquelle elle me placerait les mêmes égards que pour elle-même ; qu’elle pouvait compter en tout sur mon entière obéissance.

Voici, madame, mon entrée dans le monde et l’instant, pour ainsi dire, où commence ma vie. Peignez-vous une fille neuve au point d’ignorer qu’elle est jolie, pour qui le mot d’amour est étranger, qui connaissait presque la pratique du plaisir sans en avoir jamais soupçonné la théorie ; une fille trop ignorante pour savoir rougir, simple par innocence, et cependant d’une complexion libertine, conduite chez Mme Verne, qui tenait la maison la plus renommée de Paris.