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HISTOIRE DE Mlle  BRION

moments passés avec Mme  ma mère. Je m’aperçus que les jours qu’il rentrait un peu gris, ce qui lui arrivait souvent, sa tendresse augmentait. Aussi je puis dire que je n’ai jamais vu ma mère lui reprocher l’argent qu’il dépensait au cabaret. Enfin, madame, un bon jour il but tant, devint si tendre et si caressant que je fus forcée de quitter la maison paternelle.

Le premier usage que je fis de ma liberté fut d’aller trouver une petite compagne que je connaissais depuis ma plus tendre enfance : elle s’appelait la Dêpoix. Elle me reçut comme une ancienne amie et me mena chez son père, qui était commis à la barrière du Cours.

Le bonhomme, dont la cuisine n’était pas des mieux fondées, ayant peu de contrebandiers pour amis, s’aperçut du