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HISTOIRE DE Mlle BRION

prétendent avoir seuls, et qui les ont autorisés à s’ériger en législateurs. Comme mon dessein n’est point de moraliser, je reviens à mon histoire.

J’appartenais depuis longtemps à M. le marquis de L…, mon bonheur paraissait d’autant mieux assuré qu’il était plus tranquille : un goût fondé sur une ancienne connaissance, affermi par une longue habitude, me permettait de vivre autant que je voudrais avec lui. Une idée libertine, un moment de tempérament, me fit tout hasarder, fortune et réputation. Il est des instants où rien ne coûte pour se satisfaire, où la voix de l’honneur n’est plus entendue, où la vie même ne paraît d’aucun prix devant une forte passion ; la vertu quelquefois se tait : on ne cherche point d’exemple, quand on ne prétend point