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HISTOIRE DE Mlle BRION

pour vivre avec lui. J’avais ignoré jusqu’alors que la constance pût être quelquefois la source du vrai bonheur. M. le marquis de L… sut le premier me faire goûter un plaisir réel dans la fidélité ; d’ailleurs, je commençais à être moins folle ; mes passions étaient moins fortes, mes désirs moins vifs ; si j’étais encore quelquefois libertine, c’était plutôt par imagination et par habitude que par tempérament et par désir. Je lui suis restée plusieurs années fidèle, ou plutôt trouvant moins de plaisir à lui manquer, je prenais des précautions plus sages et plus sûres pour le tromper.

Le public commençait déjà à oublier ce que j’avais été : moi-même je rougissais de mes premières années, quand une idée de libertinage, une malheureuse étincelle de tempérament, vint