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II

Je fus donc forcé de m’y refuser. Mais la dernière séance en mon honneur devait avoir lieu presque la veille de mon retour pour le Brésil, et cette séance était celle que la Société Scientifique Argentine me destinait. Par un malentendu inexplicable quelques journaux de Buenos-Ayres, tout en l’annonçant, déclarèrent un jour, à mon insu, que j’y ferais une conférence sur le transformisme. C’était un cas très embarrassant que celui où me plaçait ce malentendu, non seulement parce que j’étais pris au dépourvu, mais aussi parce que le sujet choisi n’était pas précisément celui dont j’étais plus à même de m’occuper à cette époque. Cependant, comment me refuser à cette imposition du hasard qui s’ajoutait d’ailleurs en même temps au désir de la Société Scientifique Argentine ?

Réunissant toutes mes forces, j’ai dû l’accepter, en communiquant ma résolution à Mr. le Dr. Berg, le digne président de la Société ; et voila de quelle manière j’ai été obligé d’écrire, presque tout d’une haleine, la présente conférence à laquelle, sans l’altérer en quoi que ce soit, pour lui laisser son cachet d’improvisation, je ne fais qu’ajouter aujourd’hui les notes qui l’accompagnent.

La terminaison un peu brusque de ce travail vous fait bien voir, du reste, que son auteur fut obligé de s’arrêter court au milieu de sa tâche pour pouvoir se rendre au salon de la conférence.

Vous dirai-je, mon savant ami, que c’est avec un mélange de plaisir et de regret que mon esprit jette en passant un coup d’œil sur le champ, toujours si cher pour moi, de la Botanique ? Pourquoi donc, me demanderez-vous, ai-je provisoirement délaissé ce domaine où j’ai reçu tant et de si grands encouragements de vous et de vos savants confrères d’Europe ?