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les formes insolites ne sont pour chacune d’elles rien moins que les innombrables adaptations appropriées à la conformation du corps et de la tête, ou en rapport avec l’odorat et la vision de ces insectes.

Que de faits pourrais-je vous signaler encore, que de surprenants phénomènes il me serait facile de choisir, soit dans la vie des plantes, soit dans la vie des animaux, pour vous démontrer combien est générale, combien est universelle la loi du transformisme !

Mais j’ai déjà trop longtemps abusé de votre attention. Et de plus, il n’était point dans mon intention d’entrer dans tous les détails du sujet ; je n’ai voulu vous présenter qu’une légère esquisse et vous soumettre quelques idées prises çà et là ; ce que je devais faire par considération pour mes collègues et par courtoisie pour votre présence.

Du peu que je vous ai dit, vous avez pu conclure que j’ai voulu seulement vous prouver que l’étude de la théorie évolutive doit avoir pour base, par rapport à la croûte terrestre, et en général à l’histoire entière de la création, l’observation la plus minutieuse, la plus attentive des causes que nous appelons actuelles.

À bien examiner les similitudes qui enlacent tout le monde organique dans une surprenante et fatale affinité, les phénomènes observés, comme je viens de vous les montrer dans un tableau comparatif, mais en parallèle avec la nature humaine, vous démontreront que les luttes et les passions de l’homme, les ambitions insatiables, les éternels sentiments de vengeance, les haines irréconciliables, les désirs insensés de l’esprit humain, se reproduisent aussi bien au sein de l’Océan, qu’au milieu des forêts, sur les sables brûlants des déserts, comme sur les plus hautes cimes des montagnes !