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l’ensemble. De là la lutte de chaque individu de taille inférieure pour s’élever encore plus haut ; de là ces incroyables efforts pour arriver à une position plus élevée et plus indépendante, où il lui soit donné de recevoir plus directement la bienfaisante influence des rayons du soleil.

J’ai consacré de longues heures d’observation à l’étude de ce phénomène, et je vous assure que rien ne peut mieux rendre, ni avec plus d’éloquence, ni avec plus de précision, et rien ne peut mieux peindre au vif les diverses passions, les innombrables prétentions, les indescriptibles animosités d’une cour souveraine.

Je me suis occupé de la structure des plantes sarmenteuses, de la vie intime de ces superbes lianes qui, comme vous le savez, constituent la partie la plus caractéristique et la plus gracieuse, des forêts vierges du Brésil.

C’est par ces études que je suis arrivé à trouver dans ces plantes la preuve la plus convaincante de la sélection naturelle et de l’appropriation, dans le règne végétal, de l’individu à son milieu d’existence.

Permettez-moi donc de vous décrire les faits observés, de vous exposer leur analyse physiologique et de les mettre en même temps sous vos yeux en parallèle avec la vie sociale de l’humanité, comme je le faisais tout à l’heure en parlant des plantes des montagnes et des forêts ; parce que, outre leur parfaite analogie, je suis certain qu’il vous sera facile de conclure, de l’exemple connu, au phénomène ignoré.

Je commencerai par vous dire ce qu’une série d’observations et d’expériences m’a fait remarquer : que les plantes sarmenteuses ont été d’abord des arbustes condamnés à vivre aux pieds des énormes géants des