Page:Aperçu sur la théorie de l'évolution - conférence faite à Buenos Ayres dans la séance solennelle, célébrée en son honneur par la Société Scientifique Argentine, le 25 octobre 1882.pdf/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
− 3 −

reur le flux croissant de la nouvelle science, et se demandent, effrayés, si elle ne présage point un cataclysme où doivent s’engloutir les croyances religieuses et les préceptes de la société moderne.

Que ces esprits timorés se rassurent ! La nouvelle doctrine veut convaincre avant de vaincre ; elle s’entoure des rayons lumineux de la vérité ; elle a pour devise la simplicité même ; elle vient conquérir la raison, et, il ne saurait exister d’esprit lucide et cultivé qui lui résiste, ou qui, de bonne foi, puisse se déclarer son adversaire.

Appelée à conquérir la raison, elle offre, par le mode rapide avec lequel elle s’assimile au milieu de la société, la preuve la plus éloquente de sa perfectibilité.

Aucune branche des connaissances humaines ne saurait en effet lui échapper  ; son influence imperceptible, mais continue, persiste, et cela, sans essayer de tenter, ou de provoquer le moindre conflit avec les dogmes religieux ; sans se mettre en opposition avec les lois civiles de la société, avant de les avoir soumises à son irrésistible influence.

Pour la comprendre, il ne nous faut d’autre livre que celui de la nature elle-même ; il ne nous faut d’autres exemples que ceux que nous offrent les plantes et les animaux.

Le Nosce te ipsum de l’ancienne philosophie grecque, interprété aujourd’hui par le développement de l’anthropologie, vous démontrera clairement que l’organisme de l’homme, sa nature si complexe, son langage si compliqué, et surtout son admirable puissance intellectuelle ne sont rien moins que les résultats d’un perfectionnement progressif, si lent, si continu qu’au-