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un maniaque y entre effrontément, et du milieu de la nuit profonde qui l’environne, il nous crie qu’il voit le soleil ; le vrai savant fuit cet écueil de la raison, comme nos pères fuyaient autrefois, avec une crainte religieuse, les bouches de l’Averne, ou les sources de l’Achéron. Locke, Condillac, Mabli, Newton, Leibnitz, penseurs froids et sublimes, vos ouvrages perceront la nuit des siècles ; mais quel bien ont-ils produit à la triste humanité ? L’homme en a-t-il argué qu’il devait être juste et bon ? comme si ce premier axiôme de la morale n’était pas écrit dans tous les cœurs. Esclaves d’un préjugé, nous nous prosternons devant l’audacieux qui veut nous apprendre l’art de penser… L’art de penser !!! Et nous