Page:Antoine Loysel - Institutes coutumières, 1846, I.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée
lxxi
D’EUSÈBE DE LAURIÈRE.

il auroit fallu être aussi savant que lui. Geui qui avoieiil duiiné des bornes plus étroites à leurs études et qui n’avoient pas eu des vues aussi élevées et aussi étendues que lui , n’étoienl pas lout à fait capables de bien sentir toute l’utilité et la nécessité de ses recherches, ni l’application qu’elles pouvuient avoir à l’état présent de la Jurisprudence. On est nalurellenient porté à faire peu de cas de ce qu’on ignore, principalement quand on sent qu’il étoit de son devoir de s’en instruire. Il s’est trouve des personnes qui ont traité les études profondes de M. de Lau< rière, de curiosités vaines et inutiles. Il ne l’ignoroit pas et s’en est plaint modestement dans un de ses ouvrages ;i ; ; mais il étoil bien dédommagé de ces critiques par l’estime que tous les premiers magistrats faisoienl de lui. M. le chancelier, M. son fils l’avocat général et M. le procureur général l’ont toujours honoré d’une considération particulière ; et ces savans magistrats étoient par bien des titres des juges compéleus de son mérite. Ils le consultoient dans les affaires majeures et ils ont mis quelquefois en œuvre les matériaux qu’ils lui avoienl demandés. M. de Laurière avoit eu l’avantage d’être associé aux études de M. le chancelier d’Aguesseau, et il présagea dès-lors les progrés prodigieux qu’il a faits dans toutes les sciences et le degré cminent où il a porté ses connoissances dans tous les genres. Quoique M. de Laurière fut déjà consommé dans la science du droit, cependant il venoil s’instruire dans les conférences qui se tenoient chez le jeune magistrat qui . par la supériorité de son génie, faisoit souvent de nouvelles découvertes. M. de Laurière les recueilloit avec soin el il a illustré son Commentaire de la coutume de Pam d’une note dont lefondsluifut fourni par M. le chancelier > alors avocat-général (S , et qui contient le véritable sens de l’art. 36 que tous les commentateurs a voient mal entendu. M. de Laurière, qui ne négligeoit aucun moyen de s’instruire, s’étoit lié avec tous ceux qui, dans Paris, se distinguoient par leurs talens dans quelque genre que ce lût. 1-1 a été pendant quelques années dans un commerce réglé avec M, Baluze, M. de la Monnoic et quelques autres personnes de mérite qui s’assembloient les dimanches pour s’entretenir librement sur les matières (1) Dans sa préface des Inslitules de Loysel.— Voyez dans notre Introduction hislorique, à la p. xxxviij.

(2) Voyez le Commentaire de Laurière sur la Coui. de Paris , édition de 1TT7.