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ANDRÉ JOUSSAIN


Peut-être que d’un doute invincible opprimée,
Ton âme dont je fus si follement épris
Se désespérera de n’avoir pas compris
Le seul être par qui, vraiment, tu fus aimée !


FOI


Abandonne à l’oubli ce que l’oubli réclame.
Chassant l’erreur qui t’a bercé,
Rejette le fardeau qui pesait sur ton âme
Et le mensonge du passé.

Si tu connus jamais l’injustice ou la haine,
Et si l’injurieux oubli,
Brisant ton noble effort, te chargea de sa chaîne,
Dans le silence enseveli,

Ce n’était là qu’un rêve, un vêtement d’une heure,
Bientôt pris et bientôt quitté.
Ta véritable vie en toi-même demeure
Sûre de son éternité.

Non, quoique ton esprit abusé l’ait pu croire,
— Jadis, un jour parmi les jours, —
Tu ne fus pas celui que méconnut la gloire,
Ni celui que meurtrit l’amour ;

Mais le poète altier, roi des strophes ailées,
Qui de son geste souverain
Fait comme les clochers aux puissantes volées
Retentir les rythmes d’airain ;