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ANTHOLOGIE JAPONAISE.

tait d’anciens habillements blancs, et, dans une posture convenable, se plaçait à côté d’un brasier en bois de paulownia. C’est pour cela qu’on appelle ses poésies, toujours gracieuses et convenables, du nom de kiri-si-oke « brasier de paulownia ».

Devenu vieux, bien que son ouïe et sa vue se fussent affaiblies, il conserva cependant une santé florissante. Il fréquenta alors la cour ; et, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, il fut nommé maître de poésies (si-han) du mikado Go Toba-no In, sous le règne de Tsŭtsi mikado-no In, la troisième année de l’ère ken-nin (1203). L’empereur, imitant alors un de ses prédécesseurs au trône, Kwô-ko Ten-ô, donna à Tosinari une pièce de vers qu’il avait composée lui-même et une canne dite hato-no tsŭye (canne des pigeons sauvages).

Tosinari disait toujours que, pour bien composer des vers, il ne fallait pas ressembler au peintre, qui mélange toutes sortes de couleurs, ni à l’ébéniste, qui assemble des bois d’espèces diverses ; mais qu’on devait simplement exprimer les choses comme elles sont. Quand on lui demandait un distique difficile, il le faisait d’abord ébaucher par ses élèves ; il choisissait ensuite, parmi leurs compositions, la meilleure et y faisait quelques retouches. C’est ainsi qu’on lui doit beaucoup de poésies remarquables.

    dans l’esprit du promeneur. Le Dante (Enfer, chant V) a dit :

    E come i grù van cantando lor lai,
    Facendo in aer di sè lunga riga,
    Così vid’io venir, traendo guai,
    Ombre portate dalla detta briga.

    Voy. aussi une strophe d’Alexandre Petœfi, dans Le Poète de la Révolution hongroise, de M. Ch.-L. Chassin, p. 30.