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XXV
INTRODUCTION.

des textes de ce genre peuvent être compris, même partiellement, par les personnes initiées aux seuls secrets de la philologie chinoise. Les caractères idéographiques employés pour écrire le Man-yô-siû ne diffèrent point par la forme des signes communément usités dans les livres du Céleste-Empire ; mais au point de vue de l’interprétation, on peut dire qu’ils n’ont que de lointaines affinités avec ces derniers. Les caractères chinois perdent en général dans ce recueil la signification qui leur est propre pour ne plus devenir que de simples lettres d’un syllabaire destiné à reproduire purement et simplement les sons de la langue yamato. Originairement ce syllabaire, dont nous avons publié le prototype[1], ne comprenait pas un nombre de signes précisément déterminé, et tous les caractères chinois, pris phonétiquement, pouvaient à la rigueur entrer dans sa composition. Quelques-uns d’entre eux étaient cependant d’un usage plus fréquent que les autres, et les syllabaires Man-yô-kana fournis par les ouvrages de philologie indigène, sont d’ordinaire réduits à quarante-sept signes, ce qui revient à dire qu’ils ne donnent qu’un seul caractère pour chaque syllabe de l’alphabet japonais. De tels syllabaires sont loin toutefois de renfermer tous les signes phonétiques usités dans le Recueil des Dix mille feuilles[2], et leur liste complète reste encore à publier.

  1. Introduction à l’étude de la langue japonaise (Paris, 1856 ; in-4o), p. 15.
  2. Voici, dans l’intérêt des personnes qui étudient la langue poé-