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PRÉFACE.

ne rendra la douce et triste mélodie de cette voix désolée, mais le sentiment même n’aura pas d’écho chez un oriental étranger au christianisme, qui n’a jamais vu nos vieilles églises, nos cloîtres sombres, et ces admirables tableaux où le pinceau d’un Murillo nous peint un moine en extase devant l’enfant Jésus. Ce qui nous charme dans le poëte, c’est qu’avec quelques paroles il réveille en notre âme toute la magie d’un passé disparu ; mais qu’importe à l’étranger pour qui ce passé n’existe pas ?

Quand nous étudions l’Orient, le problème est renversé ; mais il est le même. C’est nous, Européens, qui avons besoin d’un long effort pour vivre d’une vie étrangère, et comprendre un peuple moins séparé de nous par la distance des lieux que par la diversité et l’opposition de son génie. C’est une étude nécessaire pour goûter pleinement la poésie la plus simple. Regardons, par exemple, ce joli tableau d’intérieur :

Les herbes du printemps s’inclinent, tout enivrées
de la tiède rosée ;