Page:Anthologie japonaise, poésies anciennes et modernes.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
ANTHOLOGIE JAPONAISE.

Ces vers onc été composés par une maîtresse de Yosi-tsŭne.

Yosi-tsŭne, frère du lieutenant impérial Yori-tomo (1186-1201 de notre ère), s’étant brouillé avec celui-ci, fut obligé de quitter la cour et alla se réfugier dans la montagne de Mi-yosi-no. Yoritomo, qui avait établi sa capitale à Kamakura, ancienne résidence taïkounale située près de Yédo, voulant savoir où son frère s’était caché, fit venir Sidzŭka Gozen, sa maîtresse favorite, à son palais, pour l’interroger à ce sujet. Celle-ci obéit ; et, comme elle était très-jolie et faisait agréablement de la musique, il lui ordonna de chanter des vers à l’occasion de la fête de Hatsi-man, le dieu de la guerre. C’est alors que la jeune femme composa la pièce qu’on vient de lire.

Antérieurement le lieutenant impérial ayant envoyé à Kyôto des soldats pour se saisir de la personne de Yosi-tsouné, Sidzouka Gozen défendit son amant avec courage et tua plusieurs des guerriers chargés de l’arrêter.

    Je songe en frémissant à ses mâles appas
    Et mon âme expire affolée.

    Un poëte russe a dit :

    I vtapori̤ Marinye’za byedu stało :
    Brała ona slyedi̤ groyačie, mołodetkie…

    Et, dans ce temps, Marina, en proie à une violente passion, — Recueillit les empreintes chaudes (encore des pas) du héros. (Sakharov, Skazania Ruskago naroda, t. II, part, iv, p. 34.)