Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chers affreux que j’ai trouvés en quittant Amazonie ! que les chemins qui conduisent vers l’objet que l’on aime, sont remplis d’attraits, & que ceux qui en éloignent sont tristes !

Nos voyageurs ayant marché quelque temps, entendirent le murmure d’un ruisseau qui les attira. Ils trouvèrent une eau plus claire que le cristal, qui formoit, en tombant d’un rocher, le bruit qu’ils avoient entendu. Ils virent un jeune homme habillé légèrement, qui dormoit étendu sur l’herbe ; il avoit à côté de lui un tambourin, & tenoit une flûte dans la main gauche. A quelques pas de lui dormoit assi une jeune fille charmante ; ses cheveux blonds étoient ornés de fleurs & de pierreries, sa robe légère marquoit une taille déliée, & laissoit voir tout ce qu’on pouvoit montrer d’une gorge naissante, & plus blanche que la neige ; sa jupe, qui s’étoit relevée par hasard, laissoit paroître à moitié une jambe délicate & parfaitement bien chauffée, & elle avoit sous sa main une jarretière, qu’elle avoit apparemment ôtée lorsqu’elle avoit voulu s’endormir.

Le prince & son compagnon demeurèrent charmés de ce spectacle. Prenany s’approcha doucement de la nymphe ; il tira la jarretière de dessous sa main, sans qu’elle sentît, & la baisa avant de la laisser considérer à Agis.