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gnât, étant certain que s’il cessoit une fois de voir, il ne tiendroit rien de ce qu’il avoit promis.

La belle ayant reçu ces instructions, par la bouche de sa mère, trouva beaucoup de facilité à s’en servir. Elle étoit naturellement indifférente, & sa raison lui avoit appris, aussi bien qu’à Engéram, que le mariage étoit un engagement terrible. Elle ne s’y résolvoit que parce qu’elle n’avoit pas assez de bien pour vivre toujours dans l’indépendance. Les amours sembloient répandus sur son visage, & son application à n’oublier rien de ce qui pouvoit en augmenter le brillant, donna tant d’amour à cet amant, que son cœur se montroit dans ses regards ; mais plus il s’abandonnoit à sa passion, plus la belle étoit réservée dans ses manières. Une fierté digne d’elle rehaussoit l’éclat de sa beauté, & l’adresse qu’elle avoit à détourner le discours, lorsqu’il le faisoit tomber sur les sentimens qu’elle étoit capable d’inspirer aux plus insensibles, lui faisoit chercher avec plus d’ardeur les occasions de l’assurer qu’il n’avoit jamais rien vu de si charmant qu’elle. Elle écoutoit tout cela comme n’y faisant nulle attention. Au contraire, elle sembloit plutôt rejeter les choses flatteuses qu’il lui disoit, que prendre plaisir à les entendre. Cependant, à force de la