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voyoient ; & ce qui fut un grand charme pour Engéram, elle avoit une fille tout aimable, & dont la beauté étoit aussi vive que touchante. La partie se fit : ils allèrent chez la dame, & ils en furent reçus de la manière du monde la plus obligeante. Engéram ne manqua pas d’être frappé d’abord des agrémens de sa fille ; il lui conta des douceurs, & il le fit, dès le lendemain, avec de si grandes marques d’une véritable passion, que la dame, qui s’en aperçut, demanda à son ami quel homme c’étoit, & s’il n’avoit point d’engagement qui dût empêcher qu’on ne l’écoutât. Cet ami lui répondit qu’il avoit beaucoup de bien, & que, du côté de la fortune, sa fille auroit peine à rencontrer mieux ; mais que s’il étoit facile à une jolie personne de lui donner de l’amour, les réflexions l’en guérissoient, dès qu’on lui laissoit le temps de se reconnoître, & que si elle vouloit l’engager d’une manière à le mettre hors d’état de s’en dédire, il falloit qu’en se montrant presque toujours à ses yeux, elle fît agir tout ce qu’elle avoit de charmes, comme sans aucune envie de lui en faire sentir le pouvoir ; que rien ne le piquoit tant qu’une indifférence qui n’eût ni rudesse, ni mépris, & que sur-tout on devoit presser l’effet des assurances qu’il pourroit donner, sans souffrir qu’il s’éloi-