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faisoit point difficulté de parler de mariage : c’étoit là la fin de sa passion. Il demeuroit alors deux jours sans la voir, & sa raison, dont il reprenoit l’usage, lui représentant les suites fâcheuses d’une liaison qui ne finissoit que par la mort, il en étoit tellement épouvanté, qu’il n’y avoit point d’amour qui tînt contre les chagrins qu’il s’en figuroit inséparables. Ce genre de vie, qu’il menoit depuis cinq ou six ans, ayant fait connoître tout son caractère, on ne le regardoit plus que comme un homme simplement galant, & dont les plus fortes protestations ne devoient avoir rien de solide. On ne laissoit pas de le recevoir avec plaisir dans tous les lieux où il les faisoit, quoiqu’on fût persuadé qu’ils les oublioit si-tôt qu’il les avoit faites ; & après plusieurs intrigues, dont il s’étoit toujours tiré à son avantage, il s’embarqua enfin si avant, qu’il perdit la tramontane, & fut sur le point de faire naufrage.

Un ami qu’il étoit allé voir à la campagne, lui proposa d’aller passer quelques jours chez une dame d’un fort grand mérite, qui n’étoit éloigné de lui que de trois ou quatre lieues, & qu’il vouloit lui faire connoître. Cette dame méritoit bien, par son esprit & par ses manières, qu’on l’allât chercher encore plus loin. Son honnêteté gagnoit le cœur de tous ceux qui la