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mais sa confiance ne se trouvoit point à l’épreuve des faveurs, & il étoit extrêmement dangereux de s’écarter avec lui du chemin étroit de la sagesse. Si le relâchement lui plaisoit d’abord, il étoit bientôt suivi du dégoût, & ce dégoût ne manquoit jamais de produire la rupture. Cependant la galanterie étant sa passion dominante, il s’abandonna à son penchant avec si peu de réserve, que quoiqu’il se sentît incapable d’un attachement d’un peu de durée, il ne pouvoit s’empêcher d’entrer dans des commencemens de passion avec tout ce qu’il voyoit de belles personnes ; & comme, selon le plus ou le moins d’obstacles qu’il trouvoit à être écouté d’une manière qui le satisfît, l’engagement qu’il prenoit étoit plus fort ou plus foible, il se mettoit quelquefois dans des embarras si grands, par les déclarations que son amour l’obligeoit à faire, que ce n’étoit pas sans peine qu’il obtenoit des intéressés qu’on lui voulût bien rendre sa parole. Tant qu’il voyoit celle dont il se sentoit touché, il lui étoit impossible de s’en détacher, pourvu qu’elle affectât d’être indifférente ; & dans l’envie de lui faire dire qu’elle le croyoit digne d’être aimé, si les assurances du plus tendre amour ne la pouvoient obliger à lui laisser voir que son cœur avoit reçu les impressions qu’il avoit tâché d’y faire, il ne