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excepté dans la chrétienne, néanmoins il n’en voulut pas davantage, & se tînt avec plaisir aux deux qu’il avoit épousées.

Pendant que ce prince jouissoit agréablement des douceurs qu’il trouvoit en la conversation de ces deux reines, il arriva une histoire fort plaisante à un de ses écuyers nommé Engéram, dont je ne puis me dispenser de faire mention ici. C’étoit un gentilhomme babylonien, né avec tous les avantages qu’il faut avoir pour réussir auprès des femmes. Tout plaisoit dans sa personne, & il avoit un esprit insinuant, qui lui donnoit l’art de faire croire tout ce qu’il vouloit persuader. Il ne disoit rien qui ne fût accompagné d’un enjouement merveilleux, & cet enjouement étant fin & délicat, il étoit difficile de s’ennuyer avec lui. Il joignoit à cela une grande complaisance, qui le rendoit toujours prêt à faire toutes sortes de parties. Ainsi, on le souhaitoit par-tout, & il étoit peu de jolies dames qui ne le trouvassent d’un agréable commerce. Comme il en étoit reçu favorablement, il passoit pour homme à bonnes fortunes ; &, à juger de lui par les apparences, ce n’étoit pas toujours inutilement qu’il soupiroit. Parmi tant de bonnes qualités, il ne laissoit pas d’avoir un fort grand défaut. Son cœur étoit naturellement sensible aux charmes de la beauté,