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étoient de cristal, qui faisoient voir au travers de leur transparent plusieurs livres richement couverts, avec lesquels le roi se divertissoit quelquefois à lire ; au-dessus d’une de ces armoires il y avoit une cassette, dans laquelle un trésorier mettoit tous les mercredis trois bourses, l’une pleine de monnoie d’or, & les deux autres de monnoie d’argent, dont le roi faisoit des aumônes aux pauvres, & des gratifications aux esclaves qui le servoient.

Quand la reine fut dans cette chambre, l’autre reine y arriva ; elles s’embrassèrent d’abord avec beaucoup d’honnêteté ; elles se dirent plusieurs choses obligeantes, & ont toujours vécu ensemble dans une sincère amitié, sans jamais avoir eu la moindre jalousie.

Le roi étoit fort content de cette bonne intelligence, qui est très-rare entre les femmes qui veulent toujours posséder seules le cœur de leur mari. Ce prince, pour les maintenir dans cette union, ne témoignoit pas plus de tendresse à l’une qu’à l’autre, & avoit pour toutes les deux des égards & des complaisances admirables. Cette conduite engagea quelques souverains à lui offrir encore leurs filles en mariage. Quoiqu’il fût en droit d’en prendre autant qu’il eût voulu, parce que la pluralité des femmes est permise dans toutes les religions du monde,