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beauté charmante, & plus capables de donner de l’amour que d’en prendre. Cependant il arriva tout le contraire, car elles n’eurent pas plutôt vu le prince de Sarendip, qu’elles en devinrent éprises, & oubliant le sujet de leur different, elles ne songèrent plus qu’à toucher le cœur de ce prince. Ces deux princesses étoient d’un caractère fort opposé ; l’une avoit l’esprit enjoué, & l’autre sérieux. Quand ce prince étoit de belle humeur, il rendoit visite à celle qui avoit de l’enjouement, & lorsqu’il avoit quelque chagrin, il cherchoit dans la conversation de l’autre de quoi se consoler. Ces deux dames devinrent jalouses l’une de l’autre. Chacune vouloit posséder seule le cœur de ce prince, ce qui les porta à des querelles d’éclat qui firent grand bruit à la cour. Ce prince essaya, mais en vain, de les accommoder, ou du moins de les obliger à vivre civilement ensemble, si elles ne pouvoient être dans un parfaite intelligence. Enfin, rebuté de leurs emportemens, il se fit un plaisir d’aller tous les jours à la chasse, & les laissa se quereller tant qu’elles voulurent.

Un jour ce prince s’étant éloigné de tous ceux de sa suite, il se sentit pressé de la soif, & mit pied à terre au bord d’une fontaine, pour boire. Il n’avoit point de tasse, & se trouvoit