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lui dirent que le prince d’Arcas venoit pour lui livrer bataille. Les armées se trouvèrent dans une belle & grande plaine, où rien ne pouvoit les empêcher de combattre. Mais comme la nuit étoit proche, il ne se fit rien de part & d’autre. Un des généraux du roi lui conseilla d’attaquer la nuit l’ennemi, parce que, disoit-il, il seroit aisé de le défaire dans la surprise & les ténèbres ; mais il lui répondit tout haut, qu’il ne vouloit point dérober la victoire, ni rougir de son triomphe. Cette réponse, qui marquoit son courage & sa générosité, se répandit bientôt parmi toutes les troupes, & leur fit connoître combien il étoit assuré de la victoire.

Le prince d’Arcas, à l’exemple du roi de Numidie, demeura toute la nuit sous les armes, espérant de commencer le combat dès que le jour paroîtroit ; mais le lendemain, voyant la bonne contenance des Numidiens & le bel ordre de leur bataille, il changea de sentiment ; & quoiqu’il fût supérieur, comme nous avons dit, de plus de dix mille hommes, il n’osa les attaquer. Ce fut donc les Numidiens qui commencèrent le combat. L’aîle droite des Arcaciens fut d’abord enfoncée, & alloit se renverser sur la seconde ligne, si le prince d’Arcas ne fût venu à son secours ; il la rallia