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ce moyen très-puissant. Le roi de Numidie se trouva alors fort embarrassé sur le choix ; d’un côté, il étoit engagé avec le roi de Sarendip, dont véritablement il n’espéroit aucune succession pour sa fille, d’autant que ce roi avoit un fils aîné qui devoit lui succéder à sa couronne ; de l’autre côté, il considéroit qu’après sa mort, sa fille seroit très-puissante, parce qu’en épousant le prince d’Arcas, elle joignoit ses états avec les siens. Tout cela occupoit extrêmement le roi de Numidie, & ne sachant à quoi se déterminer, il mit l’affaire en délibération dans son conseil. Les uns, considérant les avantages de la princesse sa fille, furent d’avis de la donner au prince d’Arcas ; mais les autres furent d’un sentiment opposé. Ils lui représentèrent qu’un roi devoit être esclave de sa parole ; qu’il étoit d’autant plus obligé à tenir la sienne, qu’il avoit lui-même fait faire la proposition au roi de Sarendip, & qu’ainsi il n’y avoit point d’autre parti à prendre que d’achever ce mariage. Le roi de Numidie, voyant que ce sentiment étoit plus glorieux pour lui que celui des autres, préféra son honneur à l’intérêt de sa fille, & dépêcha un ambassadeur au roi de Sarendip, pour le prier de lui envoyer le prince son fils, afin de conclure le mariage avec la princesse sa fille.