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elle verroit avec joie qu’il épousât la belle personne qu’il lui avoit préférée, & qu’après ce qu’il avoit été capable de faire, elle ne vouloit jamais le revoir. Il fut si saisi de ces paroles, qu’il s’évanouit. La dame se retira, sans en paroître touchée, & l’abandonna à son amie, qui, sensible aux plaintes qu’elle lui entendit faire après qu’il fut revenu à lui, fit ses efforts pour le consoler, en lui promettant de le servir auprès de la dame. Tout ce qu’elle dit fut inutile. La belle veuve témoigna être ravie que cette aventure lui eût fait ouvrir les yeux sur la foiblesse & la sottise de la plupart des hommes, & fit serment de n’en écouter jamais aucun.

Cependant, malgré tout cela, le cavalier ne se rebuta point. Il essaya de la fléchir par toutes sortes de voies ; & n’y pouvant réussir, il monta un jour jusqu’à sa chambre, sans avoir trouvé personne qui allât l’en avertir. Elle étoit seule dans son cabinet, & avoit les yeux attachés sur des papiers : c’étoient ses lettres qu’elle relisoit. Il les reconnut, & s’imagina que ce moment étoit favorable pour appaiser sa colère. Il lui dit les choses les plus tendres ; & toute la réponse qu’il en eut, fut quelle vouloit bien lui avouer, qu’ayant eu pour lui une très-forte tendresse, elle n’avoit pu le perdre sans