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du trouble d’esprit où il étoit, s’il n’eût été retenu par des affaires qui ne lui pouvoient permettre de s’éloigner. Le silence de la dame sur un commerce qui sembloit être délicat, étoit un outrage que le cavalier ressentoit vivement, & néanmoins il n’osoit s’en plaindre, de crainte de blesser la délicatesse de la dame. Il savoit qu’elle vouloit qu’on l’aimât avec estime, & il ne pouvoit la soupçonner d’infidélité, sans témoigner qu’il l’estimoit peu. Dans cet embarras, il s’avisa d’un expédient qu’il crut infaillible, pour lui donner lieu de s’expliquer sur la jalousie qui le tourmentoit. Il voyoit de temps en temps la jolie personne qui avoit dessein de s’en faire aimer. Il commença à la voir souvent, & ne douta point que cette assiduité, dont apparemment la dame seroit informée par leur amie, ne la portât à lui faire des reproches. Alors il étoit en droit de lui parler du marquis, sans qu’elle s’en pût fâcher, & cela devoit produire l’éclaircissement qu’il souhaitoit. Son raisonnement ne se trouva juste qu’en partie. Le bruit que firent les nouveaux soins qu’il rendit, alarma l’amie commune ; elle condamna le cavalier, & lui dit qu’ayant servi à favoriser sa passion, elle ne pouvoit se dispenser d’écrire à la dame l’infidélité qu’il lui faisoit. Il répondit qu’il ne man-