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de cet agrément, qui, frappant d’abord les yeux, saisit le cœur avec une violence qu’il n’est pas aisé de repousser. Beaucoup de partis se présentèrent, & l’on peut dire que le mérite de sa personne contribua plus à lui attirer des adorateurs, que les avantages qu’on pouvoit attendre, en l’épousant, du côté de la fortune. Ce n’est pas qu’elle n’eût assez de bien ; mais trois enfans que lui avoit laissés son mari, étoient une dette contractée, qui en devoit emporter une fort grande partie ; & si elle jouissoit d’un gros revenu, elle ne pouvoit disposer du fonds. Comme elle joignoit beaucoup de raison à une grande sagesse, elle résolut, pour ne leur pas nuire, de ne point penser à un second mariage ; & pour se mettre à couvert de toute surprise, quoiqu’elle ne fût pas d’un âge à s’accommoder de la solitude, elle trouva moyen d’écarter tous ceux en qui elle remarquoit de l’empressement qui pouvoit avoir des suites. Tout ce qui avoit quelque apparence d’amour lui faisoit prendre de scrupuleuses réserves ; & si elle souffroit des douceurs, quand elles partoient d’une simple honnêteté, c’étoit assez pour être banni, que de lui en dire d’un air sérieux, qui fît connoître qu’on sentoit ce qu’on disoit.

Cette conduite mit son cœur en sûreté, & il seroit toujours demeuré tranquille, si elle eût eu