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arrivée à Surat. Ils se promirent de s’écrire fort souvent, & ils se tinrent parole. La dame continua d’emprunter la main de sa suivante, parce que ne lui ayant rien appris de la tromperie qu’on lui avoit faite touchant les réponses qu’il croyoit avoir reçues de Léonice, elle trouva à propos de ne lui dire qu’elles étoient de son écrire, qu’après que le mariage seroit fait.

Il y avoit trois semaines qu’Almadore étoit parti, & la jeune veuve en avoit déja reçu plusieurs lettres, quand Léonice l’étant venu voir, lui en montra une qu’elle avoit reçue de lui le jour précédent. Ce n’étoit qu’un compliment de civilité, dont la dame ne se seroit point inquiétée, s’il l’eût écrit à toute autre ; mais il lui parut qu’à son égard, ce soin obligeant étoit un reste d’amour, & un mouvement jaloux qui la saisit aussi-tôt, lui fit prendre le dessein d’approfondir les plus secrets sentimens d’Almadore. Elle eut cependant l’adresse de déguiser sa surprise ; & en affectant un air enjoué, elle demanda à la jeune veuve si elle vouloit la charger de sa réponse. Léonice lui dit qu’elle devoit croire, que n’ayant jamais écrit à Almadore, elle le feroit encore bien moins depuis leur rupture. Si-tôt qu’elle fut partie, la jeune veuve, qui s’étoit flattée de posséder tout le cœur de son amant, voulut savoir ce qui en