Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sent assez généraux, il y avoit une finesse d’esprit qui redoubla son amour. Il crut même y découvrir quelques sentimens qui le flattèrent, & rien ne lui avoit jamais causé tant de joie. Il ne manqua pas le lendemain d’aller voir Léonice, qui ne voulut point le détromper, & qui reçut, pour son compte, toutes les louanges qu’il lui donna sur sa manière d’écrire. Il eut grand soin de continuer ce commerce de billets. Léonice souffroit que la jeune veuve y répondit toutes les fois qu’elle se trouvoit chez elle dans le moment qu’ils lui étoient apportés, & elle trouvoit quelque prétexte pour se défendre d’écrire dans les autres temps. Almadore relisoit cent fois toutes les réponses qu’il croyoit être de cette aimable personne, & il les regardoit comme autant de gages qui lui répondoient de son bonheur.

Les chose étoient en cet état, lorsqu’il fut troublé par un rival dangereux, qui fut reçu de la belle assez favorablement. Il avoit du bien & de la naissance, & il étoit fait d’une manière à ne pas rendre des soins inutilement. Ses visites devinrent suspectes à Almadore. Il contraignit d’abord son chagrin, & le laissa ensuite éclater sur son visage, sans oser s’en plaindre à celle qui le causoit. Il ne put enfin s’empêcher d’en témoigner quelque chose à la jeune veuve,