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qui l’accompagnoit par-tout. Un jour, étant allée chez une dame ses amies, elle y trouva un jeune cavalier nommé Almadore, qui fut bien aise de la connoître, parce qu’il avoit entendu parler d’elle d’une manière fort avantageuse. Il voulut profiter de cette occasion, afin de s’assurer par lui-même du mérite de cette aimable personne. Il s’attacha à l’entretenir, & lui trouva un tour d’esprit agréable, & tout rempli d’honnêteté, qui passoit encore ce qu’il en avoit ouï dire. Cette conversation l’autorisa à lui rendre une visite peu de jours après. Il eut tout sujet d’en être content, & ses manières nobles & touchantes lui ayant engagé le cœur, les soins qu’il continua de lui rendre auroient été des plus assidus, si elle eût voulu y consentir ; mais comme il n’étoit pas si aisé de lui donner de l’amour, que d’en prendre en la voyant, quelques protestations qu’il pût lui faire, que s’il avoit le bonheur de ne lui pas déplaire, elle pouvoit ordonner de sa destinée, elle le pria de la voir plus rarement, afin que sa passion ne l’aveuglât point, & que demeurant toujours le maître de sa raison, comme elle prétendoit l’être de la sienne, ils pussent examiner, sans nulle surprise, s’ils feroient assez le fait l’un de l’autre pour se rendre heureux. Cette retenue ne fit que l’enflammer da-