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eût appris qui elle étoit ; que sans lui nommer son père, il lui avoit parlé la première fois de l’enlèvement qu’il avoit fait, comme d’une affaire qu’il seroit aisé d’accommoder ; mais que ce père, homme incapable d’être gouverné, étoit si fort aveuglé dans sa fureur, que non seulement il promettoit sa fille à quiconque pourroit la retirer d’entre ses mains ; mais qu’il faisoit contre lui les plus fâcheuses poursuites ; qu’ainsi, n’ayant plus aucune espérance de le fléchir, il ne pouvoit sortir d’embarras qu’en forçant sa fille à l’épouser ; qui la meneroit chez lui à Canton, où il la feroit reconnoître pour sa femme, & qu’après le mariage il ne craignoit point qu’on eût assez de crédit pour le faire rompre ; qu’il venoit savoir ce qu’il avoit fait pour lui, & si ses soins avoient mis la belle dans des dispositions qui lui fussent favorables. Polaure ne balança point sur la résolution qu’il avoit à prendre. Il lui répondit, qu’étant incapable de manquer à l’amitié, il lui laisseroit une entière liberté de s’assurer du cœur de cette charmante demoiselle ; mais qu’il n’avoit pu choisir personne qui fût moins propre que lui à lui inspirer les sentimens qu’il lui souhaitoit. Là-dessus il lui conta l’engagement qu’ils avoient pris l’un pour l’autre ; & après lui avoir exagéré le désespoir où la rupture de son ma-