Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la résolution qu’il avoit prise ; qu’il savoit bien qu’on l’alloit poursuivre comme auteur du rapt, parce qu’un esclave qui avoit fui quand il avoit fait l’enlevement, avoit pu le remarquer ; mais qu’il étoit d’une naissance assez distinguée pour croire que les parens, après avoir fait un peu de bruit, seroient ravis d’assoupir l’affaire ; que son alliance leur feroit honneur, & qu’un homme comme lui n’avoit pas à craindre qu’on le refusât, quand on connoîtroit le peu de succès qu’auroient les poursuites ; que cependant il lui laissoit ménager l’esprit de la belle, & qu’ayant pour lui autant d’amitié qu’il en avoit, il ne doutoit pas qu’il ne vînt à bout de la convaincre que le seul parti qu’elle avoit à prendre après l’éclat d’un enlèvement, étoit d’entendre raison de bonne grâce, en déclarant, quand il en seroit besoin, qu’elle voudroit bien être sa femme ; qu’il viendroit savoir dans quelques jours l’effet qu’auroient eu ses remontrances, & lui apprendre ce qu’il auroit fait de son côté, pour mettre l’affaire en terme d’être accommodée. Polaure l’assura que ses intérêts étant les siens, il agiroit comme pour lui-même, quoiqu’il fût fâché d’avoir à combattre un cœur qui n’étoit pas libre, parce que les premières impressions s’effaçoient rarement.