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pourtant leur dire ce qui obligeoit à ne la pas laisser voir. La dame fit ce que son frère souhaitoit, & le mandarin la mena où le carrosse étoit arrêté. Banane ne répondit autre chose au compliment de la dame, qui l’assura de ses soins dans tout ce qui pourroit la satisfaire, sinon qu’elle la prioit de la secourir contre la violence qui lui étoit faite. Elle descendit en même temps, & la suivit sans rien dire davantage.

Le mandarin fit aussi-tôt partir le carrosse, & se faisant attendre par deux ou trois de ses gens aussi bien montés que lui, il vint retrouver Polaure, pour lui dire adieu, étant résolu de partir le lendemain pour quelque lieu éloigné, afin d’empêcher qu’on ne soupçonnât que ce fût chez son ami qu’il eût mis Banane. Polaure ayant demandé au mandarin si elle avoit consenti à l’enlèvement qu’il en avoit fait, il lui répondit, que quand il avoit tâché de s’en faire aimer, elle lui avoit dit qu’un premier engagement ne permettoit pas qu’elle l’écoutât ; & que sur le refus de l’un & l’autre, on lui avoit conseillé de l’enlever, parce qu’elle avoit beaucoup de bien ; que quoiqu’elle eût de grands agrémens de sa personne, il lui avouoit que les avantages qu’il trouvoit en l’épousant, étoient l’unique motif