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leur parti étoit de se taire. Il vivoit dans cette terre avec une sœur qui étoit veuve, & le repos attaché à la retraite étoit le prétexte dont il se servoit pour y demeurer.

Le mandarin partit, & il y avoit déjà deux mois qu’il l’avoit quitté, lorsqu’il revint le trouver un soir, pendant que la nuit étoit fort obscure. Polaure crut qu’il venoit encore passer huit ou dix jours avec lui, & il s’en faisoit un grand plaisir ; mais le mandarin ayant demandé à lui parler en particulier, il lui dit qu’il l’avoit choisi comme l’homme du monde en qui il se confioit le plus, pour laisser entre ses mains un dépôt considérable, & qui lui étoit de la dernière importance. Il s’agissoit d’une demoiselle qu’il avoit enlevée depuis trois jours. Il avoit marché toujours de nuit, afin qu’on ne pût savoir quelle route il avoit prise, & il l’amenoit chez lui, où elle devoit demeurer cachée auprès de sa sœur, tandis qu’il employeroit ses amis, pour obliger ses parens de consentir à son mariage. Polaure ayant su qu’il l’avoit laissée dans un carrosse, avec sûre garde, à deux cents pas de chez lui, pria sa sœur d’aller lui offrir tout ce qui dépendoit d’elle, & de la conduire dans l’appartement qu’il alloit lui faire préparer, & où l’on convint qu’on ne laisseroit entrer que des domestiques de confiance, sans