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d’une tendresse éternelle, & la mère, qui étoit charmée de leur union, ne contribua pas peu à la confirmer.

Il n’étoit plus question que de signer les articles. On le devoit faire au premier jour, lorsqu’un fâcheux incident en fit différer la cérémonie. Le père eut avis que son fils aîné, qui étoit volontaire dans les troupes, avoit été tué en quelque rencontre, & son cadet tomba presque en même temps dangereusement malade. Il n’y avoit aucune apparence de parler de noces dans un temps où l’on pleuroit l’un, & où tout étoit à craindre pour l’autre. On n’oublia rien pour le sauver ; & Polaure, qui prévoyoit son malheur, s’il arrivoit qu’il mourût ; faisoit sans cesse des vœux pour le succès des remèdes ; mais ils furent inutiles. La fièvre, qui n’étoit d’abord que double-tierce, se changea en continue ; & après avoir langui un mois entier, il laissa sa sœur unique héritière. Il n’auroit pas été surprenant que l’on eût remis le mariage, après un temps suffisant pour se consoler de la double perte qu’on venoit de faire ; mais Polaure, que l’on avoit d’abord regardé comme un parti fort considérable, cessoit de l’être pour une fille qui devoit avoir plus de cinquante mille livres de rente ; et son père, qui commença à prendre des vues proportionnées à ce grand