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ce miracle. Après lui avoir conté en peu de mots son engagement avec la belle, il lui montra son portrait, & lui lut toutes les lettres qu’elle lui avoit écrites, pour l’obliger à vivre avec elle dans une parfaite intelligence. La dame fut charmée de sa vertu, & lui marqua l’admiration qu’elle lui causoit, en lui demandant son amitié, par une lettre aussi engageante que spirituelle. Vous jugez bien, seigneur, que la belle répondit comme elle devoit à ces avances. Il s’établit entre elles, en fort peu de temps, un agréable commerce, & la dame l’employa à mille commissions pour elle & pour ses amies.

Une sympathie secrète, qu’augmentoit de jour en jour la connoissance qu’elles se donnoient de leurs sentimens, les attachoit l’une à l’autre, quoique la grande distance des lieux les empêchât de se voir ; & après que trois années se furent passées de cette sorte, sans que la belle eût voulut songer à se marier, quelques partis qui se fussent présentés, une affaire assez pressante appelant le cavalier à Batavie, la dame voulut l’y accompagner, pour avoir la joie de voir l’amie qu’elle s’étoit faite. Ce fut un redoublement d’estime qui ne se peut concevoir, lorsque la pratique leur eut fait connoître l’une à l’autre tout le mérite qui ne leur étoit qu’imparfaitement connu. La dame loua son mari sur