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d’honnêteté, il lui étoit impossible de lui donner des marques d’amour. Cette froideur étoit remarquée, & faisoit beaucoup de peine à ceux qui les souhaitoient dans l’union. La belle en fut avertie par le gentilhomme, & à peine eut-elle appris cette espèce de divorce, que jugeant bien qu’elle y avoit part, elle s’empressa d’y remédier. Ses premières lettres n’eurent point d’effet ; il lui opposoit toujours la violence qu’on lui avoit faite, & ne pouvoit concevoir qu’elle pût exiger de lui, avec justice, qu’il eût de l’amour pour une femme qui le rendoit le plus malheureux de tous les hommes ; mais enfin elle lui peignit si vivement l’obligation où il étoit de vaincre l’aversion qui lui donnoit de l’éloignement pour elle, & lui fit si bien connoître que ce n’étoit qu’à ce prix qu’elle pouvoit lui répondre d’une éternelle amitié, qu’il résolut de la croire. Ainsi, l’envie de lui plaire lui fit obtenir sur son esprit ce que personne n’avoit encore pu gagner. Il commença à montrer plus de complaisance pour sa femme, & on fut surpris de voir entre eux une liaison qu’on ne devoit plus attendre. La dame même ne savoit à quoi attribuer un si heureux changement ; & un jour qu’elle pria son mari de lui en apprendre la cause, il répondit qu’il vouloit lui faire voir la personne qui avoit fait