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lui & servi dans son affaire, que dans la pensée qu’il épouseroit sa fille ; qu’il n’avoit fait aucune démarche qui n’eût donné lieu de croire qu’il en avoit le dessein ; & que le service qu’il lui rendoit, en lui faisant gagner une affaire de la plus haute importance, méritoit bien qu’il le reconnût par ce mariage, sur-tout lorsqu’il devoit tenir à honneur d’être son gendre.

Le cavalier, étourdi du coup, essaya de se remettre, en demandant au père qu’il lui donnât quelques jours pour répondre à sa proposition. Il voulut bien lui en donner huit, mais à la charge que, pendant ce temps, il songeroit aux clauses qu’il trouveroit à propos que l’on employât dans le contrat. Cette violence, cachée sous de beaux dehors, mit le cavalier au désespoir. Il connut la faute qu’il avoit commise, & il n’y avoit aucun remède. Le père, après s’être déclaré comme il avoit fait, n’étoit point homme à se relâcher. Il prétendoit que ce qu’il devoit à son honneur, lui imposoit la nécessité de ce mariage ; & ce qu’il pouvoit auprès des juges, faisoit voir au cavalier la perte de son procès inévitable, s’il se défendoit d’épouser sa fille, quand même on l’auroit laissé en liberté de le faire, ce qui n’étoit pas. Toutes ces raisons l’obligèrent à céder, sans faire connoître qu’il ne cédoit qu’à la force. Le mariage se fit, & le procès fut jugé ensuite à son avantage. Il