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tingué qui prenoient leurs intérêts, leur faisant croire infaillible le gain de leur cause, il fallut qu’un jugement souverain en décidât.

Le cavalier chercha de l’appui contre une si forte brigue, & jeta les yeux sur un homme de la cour, qui étoit très-puissant & très-considéré. C’étoit un seigneur d’une maison fort illustre, & qui, ayant une fille, eût été bien aise de la marier, sans se dépouiller de rien. Elle avoit plus d’esprit que de beauté, & on conseilla au cavalier de feindre d’avoir de l’amour pour elle. Ces apparences plurent au père ; il s’employa de tout son pouvoir pour le cavalier, qui, ne croyant hasarder que des complaisances, rendoit à sa fille des soins assidus. Ils étoient favorisés, & on lui donnoit les occasions les plus commodes pour le tête-à-tête. Les procédures avançoient toujours, & de la manière qu’on avoit tourné ses choses, les cent mille écus lui étoient presque assurés. Comme il ne faisoit aucune déclaration précise, le père de la fille, homme adroit & violent, l’ayant trouvé seul un jour dans la chambre de la demoiselle, lui dit que la conduite qu’il avoit tenue avec elle depuis quelque temps faisoit courir des bruits dans la ville, qu’il étoit temps de faire cesser ; qu’elle étoit d’une naissance à ne pas souffrir qu’on l’exposât au soupçon d’aucune galanterie ; qu’il ne l’avoit reçu favorablement chez