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renommé, tant pour sa bonne vie que pour sa doctrine, lequel se prit à dire d’un ton haut : Et verbum caro factum est. Dans le même temps qu’il prononçoit ces mots, le démon fit des cris effroyables ; il sortit, en emportant le toit du cabinet, dont il brûla & consuma tous les meubles. La fille, par ce moyen, fut délivrée de ce diable, & trois jours après, elle accoucha d’un monstre qui fut étouffé & brûlé par la sage-femme.

Je crois, seigneur, qu’en voilà assez pour montrer que les incubes & les succubes ne sont pas des illusions & des chimères, mais des choses réelles & effectives, dont on ne peut douter. Revenons présentement à la dame que nous avons quittée, & disons que son démon incube lui ayant donné le moyen de devenir princesse, voulut qu’elle lui fit des sacrifices publics. C’est la coutume en ce pays-là de sacrifier au diable. Voici donc comme la dame fit le sien. Elle avoit dans sa maison une grande salle, dans laquelle on voyoit trois colonnes de terre, de trois ou quatre pieds de haut, posées en triangle, & éloignées l’une de l’autre d’environ une toise. Elle avoit engraissé un cochon qui devoit servir de victime, & qu’elle devoit elle-même égorger dans l’enceinte de ces colonnes. Les principaux de la ville & les personnes les