Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corde fut bientôt tirée en haut, & attachée avec la poulie à une grosse poutre. Il en passa un bout dans la poulie, qu’il jeta en bas à sa femme à l’entrée de la nuit, & il lui dit de se lier par le milieu du corps, parce que n’ayant pas assez de force pour soutenir avec la main le bout de la corde, afin de descendre en bas, il couleroit tout doucement avec le contrepoids du corps de sa femme, & que si-tôt qu’il seroit à terre, il la feroit descendre en bas avec le même bout de corde dont il s’étoit lié.

Cette femme, qui ne souhaitoit rien tant que la liberté de son mari, se lia par le milieu du corps avec le bout de la corde, & lui donna le moyen de sortir de sa prison. À peine fut-il en bas, & sa femme au haut de la tour, qu’il lui dit de lui jeter le bout de la corde avec laquelle elle s’étoit liée, parce qu’il vouloit, ajoutoit-il, y attacher une pièce de bois par le milieu, afin qu’étant montée au haut de la tour, elle se mît à cheval dessus, & descendît plus facilement. Elle lui jeta aussi-tôt le bout de la corde, & alors cet homme sans pitié, prenant ce bout, tira de toute sa force la corde hors de la poulie, & ayant jeté la vue en haut, comme il étoit tout en colère contre sa femme de l’avoir exposé à un si grand danger : Indigne & coupable