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demain au matin au palais, & ayant fait dire à ce prince qu’il avoit quelque chose de conséquence à lui communiquer, on le fit entrer. Il lui déclara le larcin que l’orfèvre lui avoit fait, & le secret de l’en convaincre.

Le roi remercia l’orfèvre de l’avis qu’il lui avoit donné, & lui promit d’en avoir de la reconnoissance ; ensuite il fit venir celui qui avoit fabriqué le lion, & lui dit d’aller à un de ses palais à la campagne, où il y avoit quelque chose qui demandoit son ministère. Il partit aussi-tôt ; & le même jour, le roi ayant fait conduire le lion à la mer, le fit peser dans un vaisseau, & l’on trouva qu’il y manquoit deux cents poids d’or. Cette friponnerie le mit fort en colère ; & aussi-tôt que l’orfèvre fut de retour, le roi, après lui avoir reproché son crime & son ingratitude, ordonna de l’enfermer au haut d’une tour qui n’étoit pas fort éloignée de la ville, & d’en murer la porte, afin qu’il mourût de faim, ou que se précipitant du haut de la tour en bas, il se tuât lui-même. Ces ordres furent exécutés sur le champ, & sa femme, qui avoit été la cause de son malheur, en eut un fort grand chagrin. Elle vint le lendemain au pied de la tour, pleurant à chaudes larmes, & demandant pardon à son mari d’avoir révélé son secret. Mais comme il croyoit devoir mou-