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mais tous également rusés & mal-faisans ; ils semblent faire entre eux une espèce de république ; les vieux se font respecter & servir par les jeunes. Quand ils vont au pillage des jardins, une partie fait sentinelle, une autre est occupée à faire le butin, & une troisième à défendre les fourrageurs à coup de pierre, contre ceux qui viennent pour leur donner la chasse. C’est un divertissement aux Indes, lorsqu’on passe le long des forêts, de voir des troupes de singes sur les branches des arbres. Les plus gros singes en tiennent trois ou quatre petits embrassés & pressés sur leur sein. Si on leur tire un coup de fusil, on les voit de toutes parts se précipiter du haut des arbres avec ces petits, qu’ils entraînent avec eux ; mais pour ne point les blesser, ils se tiennent d’une patte à la dernière branche, & de l’autre ils laissent tomber doucement les petits sur leurs pieds à terre, qui s’écartent & disparoissent dans la forêt. Cet animal a entre autres trois inclinations violentes, qui ne sont pas indignes de la curiosité de votre majesté ; ces inclinations sont l’avidité, la curiosité, & le désir de contrefaire tout ce qu’il voit. Son avidité paroît dans la manière dont on le prend ; elle est fort singulière. Le singe est si avide, que lorsqu’il rencontre quelque chose qui est à son goût, il s’en remplit aussi-tôt les